Interview avec
Sarah Bloyet, 

Qu’est-ce qui t’a donné le déclic pour te lancer à ton compte ?

Sans aucune hésitation, mon burn-out, il a été si violent et a tellement impacté ma vie et mon quotidien pendant cinq mois qu’il m’a fait me remettre totalement en question sur mes choix professionnels et sur ce que je souhaitais vraiment.

J’ai donc passé une grosse partie de mon arrêt de travail à cogiter et me demander ce que je voulais vraiment. Aider les gens : oui, avoir un métier avec de l’humain et du relationnel : oui. Faire des missions qui me passionnent : oui. Mais être surchargée de travail, stressée au quotidien, épuisée, galérer à avoir des vacances quand je le souhaite sous prétexte que je suis jeune et que je n’ai pas d’enfants, faire des heures supplémentaires non payées, travailler avec des personnes qui ne partagent pas du tout mes valeurs : définitivement non.

Je pense que j’avais déjà envie de liberté et envie d’entreprendre depuis longtemps, mais mon burn-out a été un véritable déclic, qui m’a fait prendre cette décision de me lancer à mon compte pour être épanouie dans ma vie professionnelle.

Qu’est-ce qui te donne l’énergie de continuer chaque jour ?

Je dirais la passion et mes clientes haha. Je suis vraiment passionnée par ce que je fais, je suis heureuse de me lever chaque matin et de travailler tout au long de ma journée.

On pourrait penser que je réalise les tâches ingrates, car ce sont des tâches que peu de gens font par plaisir, mais j’aime réellement ça ! (c’est possible !)

Et mes clientes, car j’ai la chance d’avoir des clientes incroyables, gentilles, passionnées par leurs métiers, drôles et focus, cela rend la collaboration très agréable et je prends véritablement plaisir à travailler dans cette ambiance chaleureuse, mais professionnelle.

Comment ton entourage réagit-il face à ton choix de vie d’entrepreneuse ?

C’est une très bonne question ! Mon premier soutien et le plus gros a été mon conjoint, qui a été le premier au courant de mon projet. Il m’a toujours soutenu dans mon projet et m’a permis de me concentrer sur lui en prenant en charge toutes les dépenses de la maison pendant les deux premiers mois (et oui, j’étais au chômage à cette période). Sans lui, Assistarya n’aurait jamais vu le jour ! Il continue aujourd’hui d’être un soutien sans faille, m’encourageant et m’aidant dans tout ce que j’entreprends, et me rassurant dans les périodes de down.

Mes amis ont également été d’un soutien sans faille, qui ont toujours su trouver les bons mots dans mes périodes de doute et de moins bien. Ils se doutaient que je finirais par me lancer, ce qui m’a beaucoup étonné d’ailleurs !

Ma maman a été la personne qui a le plus mal réagi, je dirais, elle est très protectrice et n’a pas du tout grandi dans cette idée d’entreprendre.

Elle est dans le salariat depuis toujours, a grimpé les échelons pour avoir une stabilité de vie et pouvoir nous offrir des études si on le souhaitait. Elle avait très peur que je n’y arrive pas et que je ne puisse pas gagner ma vie avec mon activité. Mais après trois ans, elle est d’un soutien sans faille, même si je sais qu’elle a toujours des craintes, elle ne m’en fait plus autant part qu’avant.

Le syndrome de l’imposteur, ça te parle ? Comment tu fais pour le surmonter ?

Holala oui, mon quotidien ! Je suis très fortement atteinte du syndrome de l’imposteur, parfois plus fortement que d’autres. C’est un combat du quotidien de surmonter ce syndrome. J’ai beaucoup de mal à me sentir légitime au quotidien, ce qui m’a par exemple créé un véritable blocage sur le lancement de mes réseaux sociaux et de mon podcast.

J’ai beaucoup de mal à accepter les compliments qu’on me fait, me sentant toujours moins douée que les autres.

Ce n’est pas quelque chose de facile à surmonter, mais je sais que je finirai par y arriver. Cela prendra du temps, c’est certain, mais j’ai bon espoir de m’en défaire. Sans le vouloir, mes clientes m’aident beaucoup, car elles ont beaucoup de reconnaissance envers les personnes avec qui elles travaillent et ont toujours des mots gentils envers ma personne et mon travail. Mon entourage m’aide aussi beaucoup au quotidien, puisqu’ils voient le travail réalisé et les retours que je reçois. J’ai beaucoup de chance de les avoir et je les en remercie beaucoup !

De quoi es-tu le plus fière dans ton parcours d’entrepreneuse ?

Je suis fière de pas mal de choses en réalité… Déjà, je suis fière de m’être lancée, car je ne pensais pas le faire un jour haha ! Je suis fière du chemin parcouru, j’ai du mal à réaliser que cela fait déjà bientôt trois ans que j’ai créé Assistarya, et pourtant, on approche doucement de ma date d’anniversaire.

Je suis fière des personnes que j’ai rencontrées, des clientes que j’ai pu aider et que j’aide encore actuellement. Je travaille pour des personnes que je respecte énormément, que m’inspire beaucoup et qui sont de véritables perles, avec une réelle passion pour leur travail et des valeurs superbes.

J’ai beaucoup de chances qu’elles me fassent confiance, certaines depuis quelques années maintenant ! Je suis fière de tous ces jeunes avec qui j’ai parlé entrepreneuriat et santé mentale, qui m’ont apporté beaucoup de joie, et qui m’ont confié leurs projets, leurs envies, et qui ont pris en compte tous mes conseils.

Une jeune fille a même lancé son entreprise depuis peu de temps et m’a contacté et me remerciant, car je l’ai inspiré, ça m’a beaucoup touché, c’est un très bon souvenir.

Je suis fière aussi de mon évolution, j’ai commencé cette aventure à 24 ans, j’étais un peu perdue, motivée, mais très stressée de ne pas y arriver. J’ai maintenant 27 ans, je suis une cheffe d’entreprise épanouie, passionnée, et qui voit grand pour les années à venir !

Un obstacle majeur que tu as surmonté ? Raconte-nous comment tu as fait.

Je dirais ma timidité et mon hypersensibilité émotionnelle. Je suis quelqu’un de très timide et de très introvertie, ce qui est très étrange, car j’aime aussi énormément l’humain et aider les autres, ce qui demande de la sociabilité et une certaine aisance à l’oral.

Mon hypersensibilité aurait pu être un obstacle parce que je réagis fortement aux émotions d’autrui.

Je n’avais pas de réseau, aucun contact pour m’aider à me faire ma place, et ça a donc été un vrai obstacle, même encore aujourd’hui.

Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est d’écrire. Je n’envoyais pas forcément de vocaux, ou je ne passais pas forcément d’appel, j’utilisais surtout beaucoup l’écrit, ce qui me permettait d’être 100% moi, tout en dépassant cette timidité et cette peur du jugement.

J’ai aussi beaucoup travaillé sur moi, en faisant des conférences dans des établissements scolaires, ça m’a permis de reprendre le contrôle de moi-même et de gagner en aisance. Je n’en reste pas moins timide, mais je le gère beaucoup mieux au quotidien. Au final, je me suis rendu compte que mon hypersensibilité n’a pas été un frein, mais un avantage, car elle me fait être unique dans ma manière de percevoir les choses et de gérer les situations.

Pour moi, je ne suis pas qu’une assistante virtuelle, c’est bien plus que ça. Soutenir mes clientes, les féliciter pour chaque réussite, leur remonter le moral dans les moments de down, c’est quelque chose de naturel et de profondément ancrer dans ma personne.

Y a-t-il un livre ou un podcast qui a changé ta vision de l’entrepreneuriat ?

Oui, un podcast m’est tout de suite venu à l’esprit. Il s’agit du podcast « Salut, ça va ? » de Léa (plus connu sous le pseudo jenesuispasjolie sur Youtube). Elle m’a toujours beaucoup inspiré dans mon parcours entrepreneurial et dans ce processus de prendre soin de sa santé mentale, tout en prenant soin de son entreprise et en voyant grand.

C’est quelque chose à quoi on ne pense pas forcément, mais quand on prend soin de sa santé mentale, ça change réellement tout ! Alors attention, ça ne nous empêche pas d’avoir des moments de doute, de stress, c’est quelque chose d’humain et de normal !

Elle m’a aussi apporté certaines clés pour avoir un bon équilibre vie pro et vie perso, ce qui n’est au final pas aussi simple que l’on peut le penser ! J’ai mis un long moment à trouver mon équilibre pour ma part, et j’ai encore parfois du mal à décrocher de mon travail quand je suis dans le rush.

Quelle est la plus grande leçon que tu as apprise sur toi-même depuis que tu es entrepreneuse ?

Je dirais que j’ai appris que j’étais plus forte que je ne pouvais l’imaginer. Que j’étais capable de réaliser mes projets seule. Rien n’est impossible avec de la détermination et du travail. Cela peut prendre du temps, mais il ne faut rien lâcher, et vous y arriverez, j’en suis persuadée !

Ton plus grand rêve pour ton entreprise, ce serait quoi ?

Créer mon agence d’assistanat virtuelle, un lieu où chaque personne se sentirait épanouie et où son potentiel serait pleinement valorisé.

Une agence où on pourrait accompagner les entrepreneurs/entrepreneuses avec les mêmes valeurs que je prône depuis trois ans : humanité, rigueur, passion et professionnalisme. Je continuerais bien sûr d’aller dans les établissements scolaires et universitaires ! J’ai à cœur de continuer d’accompagner les jeunes qui veulent se lancer.

Pourquoi ne pas faire des conférences avec d’autres entrepreneurs/entrepreneuses ? Que mon podcast fonctionne, ce serait un rêve également ! Recevoir des entrepreneurs et entrepreneuses à plus grande échelle, avec qui on discuterait entrepreneuriat, santé mentale, parcours de vie… tout cela dans une ambiance cozy et chaleureuse ! Au final, j’ai pas mal de rêves pour mon entreprise, je vois grand et j’espère atteindre mes objectifs, même si cela demande du temps et beaucoup de travail.